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THEOPHILE 

Quelle est l’incurable maladie de Théophile ? Elle lui dure depuis plus de trente années, il ne guérit point : il a voulu, il veut et il voudra gouverner les grands ; la mort seule lui ôtera avec la vie cette soif d’empire et d’ascendant sur les esprits. Est-ce en lui zèle du prochain ? est-ce habitude ? est-ce une excessive opinion de soi-même ? Il n’y a point de palais où il ne s’insinue ; ce n’est pas au milieu d’une chambre qu’il s’arrête : il passe à une embrasure ou au cabinet (…) Il entre dans le secret des familles ; il est de quelque chose dans tout ce qui leur arrive de triste ou d’avantageux ; il prévient, il s’offre, il se fait de fête, il faut l’admettre. (…) Il écoute, il veille sur tout ce qui peut servir de pâture à son esprit d’intrigue, de médiation ou de manège. A peine un grand est-il débarqué, qu’il l’empoigne et s’en saisit ; on entend plus tôt dire à Théophile qu’il le gouverne, qu’on n’a pu soupçonner qu’il pensait à le gouverner.